histoire
Je suis né à Plegia, il y a de cela bientôt 40 ans.
Ma famille n’était pas riche, mais nous n’avons jamais manqué de rien lorsque j’étais enfant, puisque nous nous contentions de peu. De quoi manger, un toit pour dormir… Et notre instruction, à mes frères et moi.
Je suis en effet l’aîné d’une famille de 3 enfants, tous garçons. Mon père désirait une fille, mais les grossesses successives de mes deux frères, très proches en âge, fatiguèrent son corps, suffisamment pour que le médecin déconseille fortement un nouvel enfantement.

Plegia n’est pas un pays facile. La chaleur et le désert environnant forgent le caractère bien plus que les douceurs des pays comme Ylisse. Lorsque j’étais jeune, je passais le plus clair de mon temps à aider mes parents dans la boutique qu’ils tenaient dans la capitale, tout en étudiant assidûment pour les rendre fiers de moi.
J’avais treize ans lorsque ma mère me donna un petit frère, et une certaine jalousie naquit en moi lorsque je vis que sa présence forçaient mes parents à s’occuper un peu moins de moi. Surtout qu’à peine un an plus tard naissait mon second frère, après une fin de grossesse difficile qui risqua de faire perdre la vie à ma mère et à l’enfant. Fort heureusement, ce ne fut pas le cas… Mais elle fut, à partir de ce moment-là, bien plus distante de moi, puisque j’étais déjà assez grand pour me débrouiller seul, et que les deux jeunes avaient besoin d’une plus grande attention..

Même si j’étais l'aîné, je n’avais pas spécialement envie de reprendre le commerce familiale, et mes envies me menèrent, peu à peu, vers la stratégie militaire. Après tout, mes frères pourraient parfaitement remplir cette tâche à ma place… Je ne comptais pas passer le reste de ma vie à tenir un commerce, je rêvais de bien plus grand.

Mes parents étaient durs mais justes avec moi. Et lorsqu’ils apprirent que ce je souhaitais faire une fois adulte, ils m’ont apporté toute la rigueur nécessaire pour m’élever, socialement et intellectuellement pour, au bout de nombreuses années d’études, devenir stratège au sein de l’armée plegienne, lorsque j’eus un peu plus de vingt ans.
Mes premières batailles, je les connu cependant bien plus tard, puisque j’ai préféré me faire à mon métier avant de me lancer réellement.
C’est au même moment que j’appris l’existence de ces “veilleurs”, à Ylisse.
Je dois dire que je fus un peu en marge de tous ces évènements, bien que j'assistai à la mort d’Emmeryn, comme une grande partie de l’armée plegienne. Je ne fus cependant pas de ceux touchés par son discours.
La fin de la guerre me laissa un goût amer dans la gorge. Grima était enfin revenu… et ils avaient trouvé un moyen de le faire disparaître. Et la suite ne fut pas pour me plaire d’avantage. Retirer une partie de son territoire à Plegia pour créer un nouveau pays..?
Croyaient-ils réellement que nous allions les laisser faire ? Les laisser nous amputer ainsi de ce qui nous appartenait ?

Le plus dur, ce fut sans doute lorsqu’ils nous apprirent qu’ils allaient nommer eux-mêmes un nouveau dirigeant. Je vis en cette occasion une chance inespérée d’accéder au trône et de rendre aux plegiens ce qui leur appartenaient.
Je me fis connaître, et fis croire à ces Astriens que je n’avais jamais réellement vénéré le dragon déchu, que mes intentions étaient bonnes, et que mon seul souhait -réel, d’ailleurs- était de permettre à mon pays de se relever des évènements passés. Quelques mois passèrent, et vint le jour du verdict.
J’étais nommé roi. Je courbai la tête face aux dettes et restrictions que m’opposèrent les pays gagnants, et vit s’achever la muraille qui nous coupait en grande partie du monde.
Je savais que mes parents étaient fiers de moi.

Je passais les deux années suivantes à donner confiance au peuple, à leur apprendre à croire en moi et en eux, en faisant, dans un premier temps, reconstruire la ville non loin des ruines de l’ancienne capitale. Pour avancer après de tels évènements, le plus simple était encore d’oublier - ou du moins, de faire semblant d’oublier- pour se tourner vers le futur.
Je me suis aussi démené pour que le commerce reprenne entre ma nation et les voisines, accueillant sans trop savoir qu’en penser le pays des Elfes, semblant sorti de nul part.
Je transformai pour ce faire une partie de la flotte restante en navires de commerces, en particulier pour Valm, puisque nous n’étions coupés d’eux que par la mer.
C'est à ce moment-là que je me aussi décidé à me marier. L'idée d'avoir une famille et des descendants, quand bien même ils ne seraient pas héritiers du trône, me plaisait bien. Je ne suis cependant pas réellement tombé amoureux de la jeune femme que j'eus choisi. Nous nous entendions bien, partagions le même lit de temps en temps, mais la plupart du temps, nous faisions chambre à part. Elle me donna cependant un premier fils, qui a bientôt deux ans, et qui me rempli de bonheur.

Je fis aussi tout ce qui était en mon pouvoir pour me faire bien voir par les autres. Après tout, la patience est l’un de mes points forts. J’avais tout mon temps pour mener mes plans à bien, à présent.
Ils finiraient par payer tout ce qu'ils avaient fait à mon peuple et mon pays.

Plegia finira par se relever, plus forte que jamais.