Les parades n'étaient guère la tasse de thé d'une garde du corps. La mine se retenait de se renfrogner à chaque rencontre ou au moindre geste surmaniéré si jamais le noble était d'un caractère ostentatoire. Les coups se perdaient dans l'esprit tumultueux mais l'attention ne se permettait pas de divaguer. Après tout, c'étaient les dires du contrat. Un soupir retenu, l'épéiste restait en arrière observant et suivant l'horripilante de cette caricature de gentilhomme à la bedaine rebondie. La main demeurait sur le fourreau d'une lame prête à être dégainée.  Personne n'y faisait attention et cela semblait paraître le seul bon point d'avoir un protégé aussi tapageur que Sire Perlesang.

Mais tout ce relatif calme se brisa. Des cris soudain imprégnés d'égarement. Une populace qui se scindait ou des inconnus qui churent. Une silhouette surgit parmi ce tintamarre. Une poursuivante sortait du lot. Etait-ce un gredin ? Certainement. Le messire eut la réaction que tous attendaient de lui. Il hurle telle une péronelle nasillarde en gesticulant avec hasard, au point d'attirer les regards du voyou. Pas le temps de lever les yeux au ciel car un éclat argenté jaillit du flan du fuyard.

Puis un choc lourd et un tintement métaliique résonnèrent accompagné un gémissement de douleur. Onealy avait sorti son épée contre la dague du brigand de seconde main. Avec son fourreau et sans attendre que son adversaire eût le temps de réagir, elle lui asséna une gifle de sa main précédemment libre. Le dissident valdingua au sol, rejoignant étonnement le noble qui rouspétait sur le dos, oubliant le danger. La garde du corps se dirigea vers le voyou, du moins ce que laissait dire son apparence en jetant un regard à la dame, seule à vouloir la main dessus.

“- Espèce de malotrue ! Comment osez-vous m'agresser de la sorte ? Je ne vous ais pas engagé pour  cela ! Savez-vous la valeur de ma toilette ? Cela sera prit de votre pitance ! Vous êtes renvoyée misérable ! Votre réputation vous poursuivra incapable !” s'égosilla Sire Perlesang.

Ignorant superbement cette esclandre courroucée de son seigneur du jour, Onealy assomma, d'un coup du lapin, le brigand qui tentait de se relever hébété et attendit avant de répliquer d'une voix neutre :

“ - M'auriez-vous gardé, dans ce cas, si je vous abandonne à votre sort poignardé par ce mécréant ? Cela va de soi si nous suivons votre discours des plus avisés.”

L'homme vira au rouge et décida de garder le peu de fierté qu'il lui restait pour d'un mouvement de cape s'éloigner de son ancienne gardienne. Et cette fois, un soupir de soulagement sortit.