à l'allure de mes songes❞
Les sentiments sont à la raison ce qu'est une impasse à un aventurier.
Cette journée avait été douce et cruelle à la fois. Eprouvante était le bon mot. Et maintenant, Lucina était assise sur son lit, dans sa chambre, le regard plongé dans le vide, se retenant de pleurer. Pourquoi sa visite l'avait-elle tant affectée, bon sang ?! Elle s'en voulait. Elle était presque à la limite de se détester. Les sentiments n'étaient pas chose facile de base, mais avec la princesse, cela faisait deux, voire plus... Elle n'avait jamais été douée à gérer ce qu'elle ressentait. Voilà pourquoi souvent, elle se limitait et ne ressentait... rien, ou presque. Elle n'avait craqué qu'une seule fois, avec son père. Oui, une seule fois, et elle ne comptait pas voir cela se reproduire. Elle s'était sentie tellement honteuse... Pourtant, elle était humaine comme tous les autres, et un humain, jusqu'à nouvel ordre, avait le droit de ressentir toutes sortes de sentiments.
Pour elle, pleurer était signe de faiblesse, et bien qu'elle ne condamnait pas l'épuisement chez les autres, elle le trouvait impardonnable chez sa propre personne. La jeune fille était et avait toujours été très dure avec elle-même. Mais comment se construire psychologiquement dans un contexte dans lequel elle avait grandi ? Elle avait bien dû s'éduquer elle-même après la mort de ses parents et être à elle-même un père, une mère, et une fille. Tout en étant une humaine à part entière. A la pensée de ces événements passés, la chevelure bleu marine dut faire un effort surhumain pour empêcher les larmes de couler. Pourquoi.. Pourquoi tout remontait à la surface maintenant ?
C'était une question rhétorique : elle savait très bien pourquoi elle s'effondrait ce soir. Elle venait de revoir, après trois hivers sans aucune nouvelle, la seule personne. La seule personne qui la comprenait. Certes, après la victoire contre Grima, la paix s'était réinstallée et elle avait pu se concentrer sur ses liens avec sa famille et se considérait très chanceuse, mais avec cette personne, c'était différent. Ca avait
toujours été différent, et cela depuis le premier jour. Tout comme la princesse, cet individu portait un masque. Tout semblait les réunir. Lui aussi cachait ses sentiments, lui aussi jouait les durs et était notamment connu pour ça alors qu'au fond, il était semblable à une crème. Cela, la Veilleuse l'avait compris dès le premier regard. Cette compréhension avait été réciproque et elle s'était fait ressentir.
Pourtant, ils ne s'étaient même pas adressé la parole, cet après-midi. Seulement un ou deux regards avaient été échangés. Mais Lucina savait que plus de choses se cachaient derrière l'apparence de Gerome. Et sans doute que lui aussi savait tout à son sujet. Après l'entretien qu'avait eu Gerome avec l'ensemble des Veilleurs, il fut temps pour Chrom et le chevalier wyverne de discuter seul à seul, entre monarque et seigneur de la vallée wyverne. Seigneur de la vallée wyverne... Lucina avait bu les paroles de son ancien partenaire de combat. Elle avait souri puis avait repris son visage sérieux en un quart de seconde pour que personne ne s'en rende compte. Enfin, elle était retournée dans sa chambre, bredouille. Et voilà où elle en était.
Mais alors qu'elle commençait à tout doucement se remettre de la journée, elle se rendit compte qu'
il était à la fenêtre. Un pincement de coeur ; que dis-je ! Un véritable coup au coeur. Cependant, elle ne sourit pas. Elle était bien trop surprise. D'un coup, Lucina fut dirigée par ses sentiments et non plus par la raison. Elle courut à sa fenêtre et l'interpella, le blanc de ses yeux tout rouge, faisant ressortir le magnifique bleu de ses yeux et la marque de la Sainte-Lignée.
«
Gerome ! Tu... Tu pars déjà ? »
Lucina n'était plus la même à partir de ce moment-là. Elle était comme contrôlée par une force inexplicable... Force qui lui avait fait posé cette question légèrement stupide. Evidemment qu'il partait, il était simplement venu « faire son rapport » aux Veilleurs et à Chrom, demandant également de l'aide. A présent, il devait retourner à la vallée. Mais la princesse ne voulait pas y penser. Pour l'instant, elle était juste impatiente d'entendre sa voix à nouveau. Au fond d'elle, elle espérait le retenir, au moins pour la nuit. Ou bien un peu moins, un peu plus. Il fallait profiter du moment présent, pour l'instant...